Marylise Léon, nouvelle secrétaire générale de la CFDT
Une nouvelle page de l’histoire de la CFDT s’est ouverte le 21 juin au Zénith de Paris. Devant 2 700 militants présents, et après onze années au poste de secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger a passé la main à Marylise Léon. Une journée sous le signe de l’émotion… et de l’action.
Un Zénith à guichets fermés. En cette journée de fête de la musique, la programmation de la salle de concert parisienne avait tout pour inciter les militants à faire le déplacement. Ils étaient venus voir la numéro deux de la CFDT, Marylise Léon, succéder à Laurent Berger (voir les replays du matin et de l’après-midi du 21 juin 2023 au Zénith de Paris). Élue à l’unanimité par le Bureau national, elle devient le nouveau chef d’orchestre de la première organisation syndicale française. Yvan Ricordeau est, quant à lui, élu secrétaire général adjoint.
Si la CFDT change de visage, elle ne change pas de partition et reste guidée par ce tout premier objectif : améliorer la vie des travailleuses et des travailleurs. Les défis sont nombreux. « Le changement climatique, c’est maintenant. La démocratie fragilisée, c’est maintenant. L’Europe à la croisée des chemins, c’est maintenant. Le numérique et l’intelligence artificielle, qui ont investi le monde du travail, c’est maintenant. Le travail en pleine mutation, c’est maintenant, a asséné Marylise Léon. L’heure n’est plus aux transitions. Elle est maintenant aux transformations. Pour mener à bien cette transformation radicale, et même l’accélérer, je vois deux conditions indispensables : il faut assurer une juste répartition des efforts et davantage associer les travailleurs et les citoyens. » Et cela devra aller de pair avec un dialogue social renforcé qui ne laisse personne sur le bord du chemin.
Le syndicalisme, une aventure collective
« L’ancien monde n’avait pas que des qualités. Le nouveau monde peut et doit être beaucoup plus respectueux des personnes et de l’environnement, insiste la nouvelle secrétaire générale. C’est à nous de le créer. Nous sommes prêts. Ces défis, c’est ensemble que nous les relèverons. Le syndicalisme, c’est une aventure collective. La CFDT, c’est une équipe. Une équipe gagnante parce que solidaire, forte de sa cohésion. » Depuis le mois de janvier, l’équipe s’est d’ailleurs bien agrandie puisqu’elle compte 46 000 nouveaux adhérents – signe d’un besoin fort de syndicalisme
« Le mouvement social contre la réforme des retraites est venu rappeler le rôle majeur du syndicalisme. Le syndicalisme fait communiquer les salariés, il rappelle à tous, notamment à ceux qui se sentent isolés, qu’ils partagent du commun, témoignait dans la matinée Pierre Rosanvallon, professeur au Collège de France. Les salariés ont découvert que leur histoire, c’était l’histoire de beaucoup d’entre eux. » Une confiance qui honore mais qui confère également une grande responsabilité au sein des entreprises et des administrations.
Le travail est une richesse ; l’entreprise, un projet collectif
« Soyons à la hauteur de cette confiance, en défendant et en portant le modèle de société que nous voulons : un modèle qui donne espoir. Un modèle qui vaut la peine de se mobiliser. Un modèle qui ne fait pas la course au toujours plus ou au moins-disant social et environnemental. » Selon la secrétaire générale, le travail doit être au cœur de ce modèle. Aussi appelle-t-elle à sortir du débat caricatural qui oppose la valeur travail et le droit à la paresse. « Nous pensons que le travail est une richesse. Nous pensons que l’entreprise est un projet collectif. Elle n’appartient pas aux seuls dirigeants ou aux seuls actionnaires. Le patronat doit faire sa révolution et l’admettre : oui, le travail et l’environnement doivent être au centre de la performance de l’entreprise. L’État employeur doit lui aussi le reconnaître.
“L’heure n’est plus aux transitions mais aux transformations. Pour mener à bien cette transformation radicale […], je vois deux conditions indispensables : il faut assurer une juste répartition des efforts et davantage associer les travailleurs et les citoyens.” Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT
Une ambition de progrès social
« Nous avons la force du collectif, nous avons l’expérience du rapport de force, nous avons la volonté de transformation, poursuit Marylise Léon. Notre CFDT doit permettre à chacun de venir, d’y trouver sa place et s’y sentir bien, d’être écouté et respecté. C’est un défi de porter toutes les réalités du travail, de faire entendre et respecter ces particularités tout en portant une ambition commune de progrès social. D’autres générations de militants l’ont fait avant nous, nous aussi nous relèverons notre part de défis. » Un hommage appuyé à celles et ceux qui sont et font la CFDT depuis des décennies. Et, bien sûr, une dédicace à Laurent Berger, très ému. « Tu fais partie de ces militants qui marquent une vie ! », a souri Marylise.
Lorsqu’elle s’est engagée à la CFDT, la phrase d’un militant de la chimie est restée gravée dans sa mémoire : « “Tu sais, pour nous, travailleurs postés et exposés à des produits dangereux, la pénibilité du travail reconnue, c’est notre dignité retrouvée.” Cette phrase m’aura guidée dans tout mon engagement. Elle continuera de le faire. Oui, reconnaître le réel, c’est avant tout restaurer la dignité. »
Source: Guillaume Lefèvre Journaliste pour Syndicalisme Hebdo